Est ce que, dans l’infinité de l’espace intersidérale, quelqu’un ou quelque chose nous observe ? Est ce que nos actions sont minutieusement décortiquées ? C’est l’interrogation que j’ai voulu lancer au travers de cette Histoire imaginaire où l’oeil géant est une sorte de sentence, d’avertissement qui tombe sur l’humanité…
Il rentrait juste à sa maison…
L’homme roulait à une allure moyenne. La route était étroite, il restait aux aguets. Au cas où une voiture arriverait dans l’autre sens, il faudrait qu’il se serre sur la droite. Il rentrait d’une journée de travail épuisante. Dès le matin, une quantité démesurée de paperasse l’attendait.
Au fil de la journée, celle-ci n’avait pas diminuée, ses supérieurs prenant un malin plaisir à lui rajouter des documents à décortiquer, à recopier ou à remplir sur cette pile de papier qui ne descendait pas. Enfin, il était neurologiquement éreinté.
De chaque côté de la voiture, le paysage défilait, des immeubles, des maisons puis des champs vastes dont on ne voyait le bout qu’à l’horizon. Il venait de quitter la ville, cette mégalopole où d’autres, comme lui, se rendent pour travailler comme des fourmis.
A ce moment, il laissa échapper un soupir de soulagement, comme s’il se sentait maintenant beaucoup moins oppressé. Après les grandes étendues de champs, quelques arbres apparurent de chaque côté de son auto, puis bientôt des dizaines.
La journée arrivait à son terme, le ciel commençait à s’obscurcir. Il était déjà huit heures vingt trois du soir quand même, et même si le temps était encore bon, la nuit tombait maintenant plus tôt.
Malgré tout, l’homme trouvait qu’elle arrivait quand même bien plus tôt que la veille. Puis en quelques instants, la nuit devint noire comme l’érèbe. Ses phares éclairaient la route à dix mètres devant lui mais pas plus loin, il décida alors de s’arrêter.
La lune ? non, un oeil géant !
D’abord, il se pencha par-dessus son volant pour observer le ciel. Il y découvrit une teinte qui passait du noir profond à un brun foncé avec une sorte d’astre assez haut au dessus de lui. Mais il en était sûr, il ne s’agissait pas de la lune. Cette chose était bien plus foncée et trop proche.
Puis il y avait plusieurs cercles comme dessinés dessus. Le plus petit était tout noir et parfaitement centré. Tout d’un coup, l’objet étrange disparut comme si une partie du ciel était passé par-dessus. L’homme était interloqué, et dans la seconde qui suivit, comme si l’on levait un voile de ciel, la chose réapparut.
L’homme fit un pas en arrière. La partie noire au centre de la chose bougeait tantôt à droite, tantôt à gauche, puis à nouveau, le ciel la cachait et la faisait réapparaître comme des clignements d’œil.
Et c’est ce que l’homme avait compris. Tout dans cette astre, tout, à l’exception de sa taille démentielle s’apparentait à un œil, un œil titanesque collé contre la paroi atmosphérique de notre planète.
l’oeil géant, signe de mauvais augure ?
Qu’était cette chose ? Que voulait-elle ? L’homme l’ignorait. Mais plus que cette simple inconnu, il se sentait vraiment minuscule, tel un insecte, à la merci de cet étrange œil géant dont la taille augurait quelque chose d’incroyablement colossal capable de détruire plusieurs planètes d’un seul coup. Tétanisé, l’homme se mit à genoux puis, tout en sanglotant, il lança :
— Serait-ce la fin de l’humanité ?
Au fond de lui, il entendit résonner une voix :
— Non, répondit franchement l’oeil géant qui s’incrustait dans ses pensées.
S’ensuivit une autre phrase :
— Pas pour le moment, mais je vois tout, je suis l’œil de Dieu, et si aujourd’hui l’heure n’est pas venu de supprimer les humains, elle pourrait finir par arriver. Vous, les hommes, ne savez pas entrer en symbiose avec la Terre.
Vous vous contentez de la tuer à petit feu en utilisant, que dis-je, en épuisant égoïstement la moindre des ressources qu’elle peut offrir sans rien lui donner. Si vous continuez ainsi, nous n’aurons pas le choix, car la Terre doit perdurer, elle est bien plus importante que de simples et fragiles humains.
Ces paroles laissèrent l’homme sans voix. Alors que l’oeil semblait commencer à s’éloigner, une dernière parole retentit dans son esprit :
— Je te fais messager des humains, tu es désormais leur guide pour les sauver de la déchéance.
Après cette dernière parole, l’œil s’enfonça un peu plus dans les cieux jusqu’à disparaître. La nuit noire se para d’un coup d’une myriade d’étoiles. L’homme se releva, hébété comme s’il était saoul, il marcha jusqu’à sa voiture. Il ouvrit la portière et s’assit sur le siège conducteur. Il resta quelques instants à observer le ciel drapé de ce magnifique tapis étoilé puis il ferma les yeux.
Vous aimez les histoires de science fiction ?
J’espère que oui, car j’en ai deux autres à vous proposer. La première, L’improbable guerre des insectes géants contre les humains traite aussi de gigantisme, mais cette fois avec des insectes. Pour la seconde, je vous propose de découvrir le passé de la planète rouge au travers de La planète Mars, l’ancienne Terre.